9 août 2007

Puis vint le divan


Ma vie de bureau est tout entière contenue dans ce titre de potentiel "Best Seller Relais H":
Boulettes de papier, les règles de la chaude ambiance au bureau

Car l'ennui est bel et bien une composante essentielle des univers d'octets.
Des algorithmes puissants et virils assurent l'intégrité des données, et les échanges de flux sont strictement contrôlés par des protocoles de communication standardisés.
On ne badine pas avec les octets.

Mais en contrepartie, mon salaire, lui, n'est pas ennuyeux du tout.

Vous seriez en droit de penser que cette abondance de chiffres sur ma fiche de paie donne lieu à une vraie débauche de péchés: jolis vêtements, bijoux et parfums luxueux, balnéothérapies, appartement dans les beaux quartiers, technologies de pointe, vacances nombreuses et extatiques.
Vous pourriez vous interroger: que restera-t-il de son âme le jour du Jugement Dernier? Un sac Vuitton?

Eh bien vous auriez tort. La réalité est ailleurs. Je dépense tout mon pognon sur un divan.
En m'apprenant à regarder stoïquement l'argent se faufiler de mon compte bancaire vers la poche d'un autre, en me détournant enfin - malgré moi - de toutes les oeuvres diaboliques de la société de consommation, Last Night The Divan Saved My Life.

Et ce faisant, il a merveilleusement entretenu mes réflexes de pauvres. De nos jours, c'est une aptitude qui peut se révéler utile.


Cette décadence secrète m'enchante. Est-ce que ce n'est pas
totalement hype de vivre comme un pauvre lorsqu'on est friqué?
Aller consulter le plus en vue des analystes parisiens, mais passer ses vacances à Criel sur Mer, piquer trois boîtes de thon chez Ed l'épicier, et vendre ses livres sur Internet.

Je suis à l'avant-garde de l'avant garde.

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